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jeudi 21 juillet 2016

L'huile de palme, cancérigène prouvé

Qu'est-ce donc que ça encore ?

Un rapport de l'EFSA (European Food Safety Authority)(lien 1)(lien 2)) pointe du doigt la présence de 3 composants dans l'huile de palme. Le 3-monochloro-propanol-1,2-diol (3-MCPD), le 2-monochloro-propanol-1,2-diol (2-MCPD) et les esters glycidyliques d’acides gras. Ils se forment pendant le chauffage de l'huile de palme (cuisson) mais aussi lors du raffinage. Plus précisément, lors de la désodorisation qui peut se faire à des températures élevées (200°C). Autrement-dit, on peut consommer un produit non cuit (pâte à tartinée, margarine, lait de bébé) et rencontrer ces composés.

Ou et combien ?

Bio ou non, l'huile de palme si elle n'est pas rouge (non transformée), contient ces composés. Autrement-dit, tous les aliments qui contiennent de l'huile de palme dans les pays occidentaux. Car le goût et la couleur de l'huile de palme est trop forte. Si vous aviez lu, vu ou entendu que l'huile de palme est très avantageuse car elle a un goût neutre... on a oublié de vous dire que n’importe-quelle huile peut être désodorisée et décolorée. Au prix d'un raffinage coûteux en micronutriments. Et en plus, provoquant la formation de composés douteux.
Ces composés, pointés du doigt par l'FSA, sont présents dans d'autres huiles. Mais ces composés sont particulièrement présents dans l'huile de palme. L'huile de palme contient environ de 7 à 10 fois plus de 3-MCPD, 7 à 10 fois plus de 2-MCPD et 7 à 10 fois plus d'esters glycidyliques d’acides gras que les autres huiles ! Ce n'est pas le cas pour l'huile de palmiste, mais juste l'huile de palme. L'huile de palme est donc, dans l'alimentation, le contributeur principal et de loin devant tout autre, de ces composés. L'EFSA a fait les calculs.

Le problème n°1

Le problème est que ces composés sont génotoxiques et cancérigènes. Le données sont certaines pour le 3-MCPD et les esters glycidyliques d’acides gras. Moins pour le 2-MCPD. Mais il est possible que cela soit démontré prochainement. Ces données sont issues de la littérature scientifique qui s'est accumulée depuis ces dernières année (environ 200 études, lien 1).

Le problème n°2

La dose fait le poison. On le sait. Concrètement, les noix de muscade contiennent un poison par exemple. Mais aux doses ingérées, leurs consommation n'est pas dangereuse.

L'EFSA a calculé les doses limites d'exposition qui assurent une exposition sécuritaire (DJT) pour les composés incriminés. Le problème ici, c'est que la dose limite (DJT) est inférieure aux doses auxquelles sont exposés les consommateurs. Ceci est notamment vrai pour les laits de bébés. Les laits de bébé contiennent beaucoup d'huile de palme. Et ils sont ingérés en grande quantité par les bébés ! Forcément.

DJT

 Extraits du communiqué de l'EFSA :
"Les estimations pour l’exposition moyenne et élevée au 3-MCPD des deux formes pour les tranches d'âge jeunes, y compris les adolescents (jusqu’à l’âge de 18 ans) dépassent la DJT et représentent un danger sanitaire potentiel."

"« L’exposition des bébés consommant uniquement des préparations pour nourrissons constitue une inquiétude particulière car elle atteint jusqu’à dix fois le niveau considéré comme peu préoccupant pour la santé publique », a déclaré le Dr Knutsen."

La dose journalière tolérable (DJT) est de 0,8 microgrammes par kilogramme de poids corporel (µg/kg de poids corporel/jour) pour le 3-MCPD et ses dérivés. Concrètement pour une personne de 70 kg, 56 µg journaliers est la dose à ne pas dépasser. Cela correspond à 20 grammes d'huile de palme. L'ESFA est rarement alarmiste. Là elle semble s'inquiéter.

Consommations de 3-MCPD par jour et par kg de poids corporel suivant les tranches d'ages (tranches grises), comparées à la dose limite (barre bleue). Les enfants et les ados dépassent largement la dose limite dans une bonne partie des cas.

Edit 21/07, écrit à chaud !

Le lobbying des industries de l’huile de palme essaie de contrer l’avis de l’EFSA (lien). Petit cours de pensée critique face à la désinformation. Un peu sous forme d'humour, car à ce niveau là, ce n'est plus sérieux ! Cela montre surtout le vide absolu des argument et une gestion calamiteuse de la crise dans cette branche de l'agro-industrie. Ils sont prêt à tout, même aux mensonges les plus gros. La preuve :

Argument 1 : Les groupes d’animaux testés sont limités et il n’y pas de preuve directe de la toxicité des produits incriminés. Les données ne sont pas mises dans leur contexte !
Bienvenue dans les années 1940 avec le tabac. Les industriels de la palme n’argumentent pas leurs dires. Combien d’animaux faut-il sacrifier s’ils estiment les études insatisfaisantes? 10, 20, 1000 ? Les études font appel à des statistiques pour optimiser le nombre d’animaux testés. Les scientifiques doivent démontrer, maths à l’appui, que leurs résultats sont SIGNIFICATIFS. Les industriels n’apportent aucune démonstration construite de la non significativité des données (Par exemple ; dans l’étude X, il y a Y animaux, la marge d’erreur est de W, le test statistique n’est pas approprié car [argument 1, argument 2] etc.. ). L’EFSA a décortiqué chaque étude une à une, elle. Pour se faire un avis global.
De plus un effet direct pour un produit cancérigène c’est quoi ? Un test sur des humains pendant 20 ans ?  S'il n'y a pas de mise dans le contexte, pourquoi l'EFSA a estimé les consommations d'huile de palme journalières ? C’est l'argumentaire palmiste qui est limité. Voir page 23.

Argument 2 : On ne sait pas trop comment ces composés sont générés / ces composés sont peu trouvés dans l'huile de palme malaisienne, mais qu'après en dehors du pays. Faudrait optimiser le raffinage et la récolte.
Arf… On sait comment ces composés sont générés. On suit leur concentration dans les huiles depuis plus de 20 ans. Voir de la page 13 à 22. Pour un chimiste, c’est cool. Ces composés se forment lors du raffinage pour une grande partie (décoloration, désodorisation) et un peu lors de la cuisson. Appel à l'ignorance !

Argument 3 : Les chercheurs admettent qu'il faut faire plus de recherches et avoir plus de données. Il faudrait en savoir plus sur les expositions.
Oui c’est souvent le cas. En fait, il doit y avoir environ 100% des études qui se terminent par « we need further data ». Cela n’invalide pas leurs conclusions. Ils cherchent juste à affiner leurs recherches. On a toujours quelque chose à découvrir pour mieux comprendre. Les scientifiques sont toujours prudents, voir page 87, en donnant volontairement les limites de leurs données. Eux.

Argument 5 : Les autres huiles en contiennent aussi.
Oui mais 10 fois moins. Voir page 32. L’huile de palme est la source MAJEURE de ces composés. C’est un peu comme Cahuzac qui détourne des centaines de milliers d’euros et qui dirait « regardez un chômeur qui fraude 100€ ! » c'est à cause de lui le déficit. Si si, c'est pareil. Faut pas être très malin pour voir l’embrouille. Voir première image de cet article.

Argument 6 : oui mais l’huile de palme contient beaucoup de beta carotène.
Ben oui grosse patate, mais si tu avais lu le rapport de l’EFSA, tu apprendrais que les composés se forment lors du raffinage notamment. Car l’huile de palme a besoin d’être raffinée pour sa consommation industrielle. Donc pouf plus de carotène. De plus, il faudrait démontrer que ce béta inhiberait bien les effets néfastes provoqués par les 3 composés incriminés. Voilà, tu ne places pas l’étude dans son contexte… voir ton argument je sais plus quoi. Le whisky contient aussi des polyphénols BCDZ mais ce n’est pas pour autant un aliment santé.

Argument 7 : c’est la faute des cuisiniers.
Ce n’est pas dit comme ça, mais c’est l’esprit. La faute reviendrait aux transformateurs. Ben non, patate, si tu avais lu le rapport tu saurais comment se forme ces composés, lors du raffinage. Les mesures sont faites sur les huiles avant procédés. Mais tu sais de quoi tu parles ? Ensuite, si c’est bien la transformation (une cuisson de gâteau ça ne se fait pas à 300°C) qui est en cause, faut le démontrer.

Toutes ces "critiques" sont émises par un docteur. lol.

Conclusion : 
On est habitué aux arguments de mauvaise foi de cette filière depuis longtemps. Mais le déni dépasse ici les bornes. Autant on peut jouer sur les chiffres, mentir sur la déforestation, le salaire des ouvriers sans que cela ne saute aux yeux. Mais là, l’argumentaire est très mauvais, et surtout frauduleux. Il prend réellement les citoyens, et les experts de l’EFSA, pour des idiotds. Vraiment. C’est prendre le voleur sur le fait et l’entendre nier que ce n’est pas lui.

J'écrivais sur ce blog il y a quelques années que l'huile de palme n'était pas cancérigène. La science a continué son travail de vérité. Et il semble bien que oui, l'huile de palme est problématique. Aux doses consommées en Europe, l'huile de palme pourrait bien avoir des conséquences néfastes, notamment sur les enfants.

Pour demander une action rapide des pouvoirs public à ce sujet : https://www.sauvonslaforet.org/petitions/1056


5 commentaires:

  1. A bon entendeur, les produits avec cette saloperie, je vous fait pas la liste des produits, Knorr, Migros, coop, nestlé et j'en passe vous en foute à tire la rigot, lisez les étiquettes, Moi c'st fait je ne mange plus de leur cochonnerie....

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  2. N'y a-t-il pas une petite inversion dans le libellé du 2ème paragraphe, problème n°2 ? Ne faudrait il pas écrire plutôt "la dose limite (djt) est inférieure aux doses auxquelles sont exposés les consommateurs"

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  3. Je vous remercie de m'avoir appris autant cependant j'aimerais critiquer la forme alarmiste et terriblement subjective de votre article qui décrédibilise l'intégralité de votre propos : "Argument 7 : c’est la faute des cuisiniers. Ce n’est pas dit comme ça, mais c’est l’esprit.", "L'EFSA a fait les calculs.", "Et ils sont ingérés en grande quantité par les bébés ! Forcément."
    Sauf votre respect, j'ai l'impression de lire un exposé d'un 5ème qui peut se permettre de déconner avec sa classe : "Ben oui grosse patate", "il doit y avoir environ 100% des études qui se terminent par"
    Le manque de rigueur et l'absence visible de source (attendez un peu avant de m'incendier) a failli me faire quitter la page. Heureusement j'ai compris que les sources n'étaient pas à la fin de l'article comme c'est la norme mais bien perdues discrètement au milieu du texte et nommées "lien X".
    J'ai donc préféré lire directement l'article de l'EFSA mais les gens que vous cherchez à sensibiliser n'ont pas tous la détermination et le niveau d'anglais pour vous lire. Votre article ne doit pas convaincre les "palme-sceptique" mais plutôt les "palmistes" qui ne trouvent ici qu'un article indigne de les convaincre.

    En espérant n'avoir pas été trop violent et vous avoir fait comprendre que lorsqu'on se charge d'une mission il faut bien comprendre la cible et la manière de traiter le sujet.

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Merci de commenter l’article ci-dessus, et donc, après l'avoir lu.